Il n’y a pas que des barricades à Port-au-Prince, le street art investit nos murs

Il n’y a pas que des barricades à Port-au-Prince, le street art investit nos murs

Pendant que l’on brûle des pneus à l’avenue Lamartinière, au Bois Verna, ce mardi 17 septembre, le festival de graffitis ne chôme pas. Les graffiteurs continuent à peindre nos murs. Armés de bombes aérosols, de pinceaux, de récipients de peinture, ils expriment en couleurs des sujets qui éveillent notre curiosité. Les murs des maisons et écoles privées de l’avenue Lamartinière, des rues Camille Léon et Baussan se transforment au fur et à mesure.

Le Collectif pour la promotion des arts urbains et de l’art contemporain (CPAUAC) a réuni une vingtaine d’artistes autour du thème « Mobilité contemporaine – Déterritorialiser l’imaginaire ». Du 10 au 20 septembre, l’art street décrète la permanence sur la voie publique.

Les artistes étrangers, américains, français, belges et mexicains, ne se sont pas présentés aujourd’hui sur les lieux, ils ont joué la carte de la prudence. Mais plusieurs jeunes graffeurs haïtiens n’ont pas raté le rendez-vous. À trois jours de la fin de la 4e édition de ce festival, ils se donnent à fond sur nos murs. Ces jeunes inscrits dans la dynamique du street art, en d’autres mots, l’art urbain, l’art éphémère, s’accrochent à ce qu’ils font. Ils sont, pour la plupart, dans la vingtaine. À cet âge, on n’a peur de rien. Au nom de sa passion, on brave tous les dangers.

À la rue Camille Léon où pointent quelques rares voitures, un petit groupe d’artistes oeuvre sur des fresques entammées depuis trois ou quatre jours. Les murs prennent de la valeur, véhiculent des messages et de l’émotion. En posant notre regard étonné sur ces formes, l’information prend d’autres résonnances. Manifestement, il n’y a pas que des barricades à Port-au-Prince, des tirs sporadiques, la rareté de l’essence, la vie chère, l’attente exaspérante du dénouement de cette crise interminable, la culture est là aussi, dans la grâce et la légèreté, elle envoie des ondes vibratoires en gammes chromatiques, même si elle est noyée dans une actualité pesante.

Claude Bernard Sérant
Le Nouvelliste
Previous Grandir avec les musiques de l’Orchestre Tropicana d’Haïti
Next La Chapelle royale de Milot entre grandeur et mission de l’Etat haïtien

About author

You might also like

Culture

La Chapelle royale de Milot entre grandeur et mission de l’Etat haïtien

L’an dernier, à l’approche des fêtes de Pâques, les Français ont vécu avec douleur et  tristesse l’incendie de la cathédrale  Notre-Dame de Paris. La flèche de cette œuvre monumentale est partie

Culture

Georges Castera : créolité, modernité

Les retombées du surréalisme quant à la poésie antillaise s’avèrent évidentes lorsque l’on sait que ce mouvement européen, fondé par André Breton, qui favorise une exploration approfondie de l’inconscient par

Culture

Grandir avec les musiques de l’Orchestre Tropicana d’Haïti

Que ce soit par influence de votre famille, ou celui d’un voisin, d’un proche de vos parents, la jeune génération a de nombreuses anecdotes sur ses origines avec l’orchestre Tropicana