La Chapelle royale de Milot entre grandeur et mission de l’Etat haïtien
L’an dernier, à l’approche des fêtes de Pâques, les Français ont vécu avec douleur et tristesse l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris. La flèche de cette œuvre monumentale est partie en fumée dans la nuit du 14 au 15 avril 2019. Curieusement, à une année d’écart, soit la nuit du 12 au 13 avril 2020, et à des milliers de kilomètres, la Chapelle royale de Milot (Nord d’Haïti) a été ravagée par les flammes. Quelle coïncidence ! Le hasard l’a-t-il voulu ainsi ? On ne sait pas trop.
Avec l’incendie de l’édifice dédié à la Vierge Marie, symbole de la foi de l’homme dans son être suprême, Paris s’est réveillée sous le choc ce jour-là. Le ciel de la Ville lumière s’était obscurci. De même, le dôme mythique qui a recouvert la Chapelle royale de Milot n’est plus dans le paysage culturel d’Haïti. Les Haïtiens sont dévastés dans leur âme en voyant la toiture de la chapelle royale, patrimoine de l’humanité, disparaître dans le ciel de Milot.
Au lendemain du drame, à travers le pays aussi bien que dans la diaspora, les Haïtiens sont indignés en apprenant cette nouvelle à la fois triste et révoltante. Malgré le contexte de coronavirus, l’incendie de la chapelle royale a suscité de l’émoi et de la mobilisation. Les images ont défilé en boucle sur les réseaux sociaux. Les commentaires ont été légion. Ils témoignent d’un fort attachement à ce patrimoine mondial.
Le 14 avril 2020, le comité interministériel de gestion du Parc national historique Citadelle / Sans Souci / Ramiers (nord d’Haïti) a donné une conférence de presse. Le comité voudrait des explications claires sur l’origine de l’incendie. « Des équipes ont été dépêchées sur les lieux pour comprendre les faits, et on attend les résultats des enquêtes », a fait savoir la ministre du Tourisme et des Industries créatives, Myriam Jean, au cours de cette conférence de presse.
L’Organisation des Nations unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO), qui a classé cette chapelle dans le patrimoine mondial en 1982, est aussi interpellée par ce drame. Le sous-directeur général pour la Culture de l’Unesco, Ernesto Ottone, a exprimé sa préoccupation. Monsieur Ottone dit espérer, malgré la pandémie de Covid-19, l’intervention de son organisation pour analyser avec précision la situation, les besoins et envisager les solutions.
Pour sa part, le Comité national haïtien du Conseil International des Musées (ICOM Haïti) a exprimé sa stupéfaction et son indignation face à ce désastre. ICOM Haïti demande une enquête rigoureuse pour fixer les responsabilités. Le comité s’insurge contre la déplorable habitude de s’en prendre violemment aux biens publics et privés pour exprimer des revendications. Prenant acte de la déclaration d’engagement du Comité interministériel de gestion du Parc national historique, ICOM appelle à la responsabilité des institutions concernées de l’État.
A travers le monde, la protection du patrimoine est saisie par le droit. L’État haïtien a ses obligations stipulées tant dans la législation haïtienne que dans les conventions internationales signées et ratifiées. Ces lois imposent aux États adhérents l’obligation d’assurer la protection, la conservation et la mise en valeur de leur patrimoine et d’adopter des mesures y afférentes. L’Etat haïtien va-t-il s’engager sérieusement à la sauvegarde du patrimoine mondial, culturel et national à partir de l’incendie de la Chapelle royale de Milot?
On apprend d’une source anonyme que des institutions publiques exécutent actuellement un plan d’urgence pour éliminer tout risque de contamination de la population.
Elien Pierre
LeNouvelliste
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