« Taximan-Kiltivatè », un film du militant écologiste André Vanasse
« Taximan-Kiltivatè », le dernier film d’une série entamée en 2017 par André Vanasse, encourage le retour à la terre et à la production agricole bio. Le court-métrage de M.Vanasse, d’une durée de 6 minutes et 15 secondes , permet de sensibiliser les personnes à la pratique d’agroécologie en Haïti, notamment à Cap-Rouge, une localité de la ville de Jacmel.
Diffusé sur la Télévision nationale d’Haïti (TNH) en 2018, « Taximan-Kiltivatè » relate l’émergence de ce qui ressemble à un nouveau modèle, celui de chauffeurs de taxi qui se consacrent à l’agriculture bio. « Ces gens investissent leur argent pour re-fertiliser des parcelles dans le haut Cap-Rouge et les convertir à la production bio. Ensuite, ils utilisent leur moto pour transporter les fertilisants et la nourriture pour les animaux, et pour transporter leurs produits sur les marchés», révèle le réalisateur André Vanasse. Ce mouvement agroécologiste du Sud-Est qui récolte les fruits de son travail de promotion peut ressembler à un retour à la terre.
Jusqu’à présent, les réactions au film, mais surtout à l’idée même de « Taximan-Kiltivatè » sont très favorables. « Agropresse, l’ancien secrétaire d’État à la Production animale Michel Chancy, des ONG, plusieurs y voient un modèle qui peut inspirer les jeunes», a souligné M.Vanasse.
Les activités d’ordre commercial relatives au monde du cinéma et qui sont généralement basées sur la production, la promotion et la diffusion de produits cinématographiques sont bien coûteuses. Pour arriver à réaliser ce projet, le réalisateur Vanasse affirme avoir reçu une subvention d’un syndicat québécois qui couvre les frais de déplacement et de séjour. Quant au travail de recherche, de tournage et de montage, ils ont été faits bénévolement de façon militante.
Puisque les films s’adressent à un public haïtien, Andre Vanasse a exprimé la volonté de faire voir ses réalisations en Haïti. Cependant, la série « Inovasyon agwoekolojik nan peyi d’Ayiti», projet dans lequel l’agronome Wilson Sanon est partenaire, a été utilisée à la Faculté d’agronomie par des ONG et a été diffusée dans tout le pays en 2018 par la TNH. « Nous avons rencontré beaucoup de téléspectateurs, nous avons reçu plusieurs témoignages de gens qui les ont vus. Pour nous, l’important est de sensibiliser le public à l’agroécologie qui, comme vous le savez, peut apporter un ensemble de solutions durables aux problèmes écologiques que pose l’agriculture industrielle », a expliqué M. Sanon. D’une certaine manière, cette pratique aide à valoriser le travail des petits paysans tout en respectant la culture des communautés rurales.
Entre la période d’incubation de ce projet jusqu’à sa réalisation, il s’est écoulé trois ans. Toutefois, le film a été tourné en seulement une journée, de façon un peu improvisée. Les deux hommes, André Vanasse et Wilson Sanon, très connectés, ont eu des années de recherche en arrière-plan.
En ce qui concerne ce film, c’est grâce à son partenaire agroécologiste Wilson Sanon, avec qui il travaille en étroite collaboration, que ce projet sur les développements de l’agroécologie à Cap-Rouge et dans tout le pays a vu le jour. « Toute cette série n’aurait pu être réalisée sans l’initiative de l’agronome agroécologiste et formateur Wilson Sanon, un partenaire essentiel et expert en agroécologie, a affirmé l’homme de «Taximan-Kiltivatè».
Pratiquant le métier de cinéaste depuis 1984, le militant écologiste André Vanasse met sa profession au service des mouvements sociaux et des organisations qui œuvrent dans des secteurs comme l’éducation, l’alphabétisation, l’économie sociale, la coopération internationale, le syndicalisme.
Pour mieux comprendre la société haïtienne, cet homme du septième art porte un regard sur les syndicats haïtiens en action dans divers milieux de la société, au sein de la paysannerie, dans les milieux de l’éducation, du transport public, de la santé, des manufactures de textile en sous-traitance et des services municipaux. « La parole est donnée à des syndicalistes et à des représentant(e)s d’organisations de la société civile haïtienne qui travaillent d’arrache-pied à faire avancer leur pays », a précisé André Vanasse. Souhaitons que ces propos démontrent comment des syndicats et une société civile bien organisés peuvent constituer une force nécessaire au développement du pays, essentielle au dialogue social, capable de faire avancer le débat public sur des questions vitales comme la protection sociale, le développement des services publics et l’instauration d’un État de droit.
Eunice Eliazar
Le Nouvelliste
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